C’est une affaire judiciaire qui est en train de défrayer la chronique. Une entreprise américaine (la RMS Titanic Inc) a émis le projet d’explorer la coque de l’épave du Titanic (une première dans l’Histoire de l’exploration de l’épave), afin de récupérer un télégraphe sans fil Marconi d’une grande rareté. L’idée ? Proposer ensuite une exposition du fameux télégraphe, et d’éventuelles autres reliques trouvées sur place.
Un projet qui a immédiatement fait scandale en Irlande, beaucoup qualifiant cette expédition de « profanation de tombe » au nom d’ambitions spéculatives.
Une réaction, qui a provoqué une véritable affaire judiciaire, qui sera présentée ce vendredi 20 février aux États-Unis.
Si l’Irlande a réagit ainsi, c’est avant tout parce que le pays irlandais entretien une relation particulière avec le paquebot, de la date de sa construction, en passant par son naufrage, jusqu’à nos jours. En effet, le Titanic a été bâti à Belfast sur les chantiers de Harland et Wolff, et a également appareillé à Cobh en République d’Irlande avant de s’élancer vers l’Amérique. A cela s’ajoute le fait que de nombreux irlandais se trouvaient sur le paquebot au moment du drame.
Beaucoup de circonstances qui ont provoqués une véritable levée de boucliers au sein de l’île d’Émeraude.
C’est donc Michael Kingston (un irlandais, expert en droit maritime international, et vice-président de l’Irish Cultural Centre de Londres) qui a décidé de porter cette affaire face à la justice américaine. Pour lui, le Titanic reste une tombe, où de nombreux irlandais sont décédés. Il lui semble donc inconcevable qu’une entreprise américaine vienne troubler leur repos, à des fins purement spéculatives, et non scientifiques.
Par la même occasion, il espère voir les États-Unis accorder au Titanic les mêmes égards que l’Irlande accorde au Lusitania, un paquebot qui a fait naufrage 3 ans après le Titanic dans les eaux irlandaises, et qui comptait à son bord de nombreuses victimes américaines. Les États-Unis avaient alors demandés à l’Irlande de respecter l’épave et d’éviter toute incursion au sein du paquebot par respect pour leurs morts américains. Une demande qui a de tout temps été respectée par l’Irlande.
Aussi, l’Irlande entend à ce qu’il en soit de même pour le Titanic.
La catastrophe du Titanic a laissé une trace indélébile sur la conscience irlandaise depuis plus d’un siècle depuis le lancement du navire à Belfast et la fin de son premier voyage malheureux dans l’Atlantique Nord le 14 avril 1912. explique Kingston. Il est extrêmement préoccupant de constater que la coque de l’épave, qui est avant tout devenue la tombe de plus de 1 500 passagers, puisse être profanée pour faciliter le retrait de reliques.
Cette proposition contraste fortement avec l’engagement continu du gouvernement irlandais pour veiller à la conservation de l’épave du Lusitania qui a coulé trois ans plus tard, avec ses nombreuses victimes américaines.
L’ouverture d’une tombe pour récupérer des objets devrait être vigoureusement interdite en l’absence de motivation scientifique ou d’enquête claire, par opposition à la récupération macabre d’artefacts à des fins commerciales.
Par ailleurs, Kingston a mis en avant l’état particulièrement préoccupant de l’épave du Titanic. Sa corrosion avancée rend l’épave de plus en plus fragile. Les scientifiques s’accordent déjà sur le fait que le paquebot puisse totalement disparaître à l’horizon de 2050. Une raison de plus pour l’irlandais, de ne pas toucher au Titanic, et de laisser l’épave reposer en paix.