Aodh Mór Ó Néill, anglicisé en Hugh The Great O’Neill, soit Hugh O’Neill le Grand (1540-1616), est un chef de clan irlandais du XVIè siècle, connut pour avoir mené la résistance irlandaise au cours de Guerre de Neuf ans (1594-1603), une rébellion qui fit trembler l’Angleterre… et qui aurait pu la renverser !
Hugh O’Neill naît entre 1540 et 1550. Membre du clan des O’Neill, Hugh grandit dans un climat de tension, opposant d’autres membres de sa famille, où chacun se bat pour prendre la succession du clan. Hugh y perd alors ses deux frères ainsi que son père et se réfugie à Londres par crainte d’être assassiné lui aussi.
Il est alors élevé par la famille Hoveneden.
Dès 1957, Hugh est contacté par le gouvernement anglais, qui souhaite le soutenir pour prendre la succession du clan O’Neill. A cette époque, la reine Élisabeth Ier voit en lui un allié potentiel, et souhaite ainsi le corrompre, pour le rallier à la cause anglaise. Cette stratégie s’est au départ avérée payante pour le Royaume d’Angleterre, qui cherchait à affaiblir les clans gaéliques d’Ulster.
Au départ séduit par les avances du Royaume, Hugh O’Neill accepte de défendre les intérêts anglais en Ulster. Dès 1580, lors des Secondes Rébellions du Desmond, Hugh O’Neill prend part au combat en se battant aux côtés des anglais, contre les troupes de Gerard Fitzgerald.
Son implication dans la cause anglaise lui permet alors de siéger au Parlement de Dublin dès 1585 en tant que comte de Tyrone. Il se voit par ailleurs octroyer en 1587 des titres de propriété des terres de son grand-père, Conn O’Neill. Il en perd néanmoins une partie, annexée par la reine qui décide d’y contruire un fort près de la rivière Blackwater. (Ce château sera par la suite rasé par Hugh lui-même lors d’une bataille).
Il se fait par la suite officiellement intronisé en 1595 « Le O’Neill » à Telach Oc, à la manière des anciens rois gaéliques. Il est alors le plus puissant seigneur de toute l’Ulster !
A cette époque, l’Angleterre tente par tout les moyens de s’imposer en Ulster. Mais très vite, les tentatives de corruption des chefs de clan irlandais prend un nouveau tour.
Ainsi, le très ambitieux Hugh O’Neill réclame au Royaume d’Angleterre une récompense pour son soutien envers la Couronne. Ce dernier brigue en effet le poste de Lord President d’Ulster, mais la reine Élisabeth Ier refuse de le lui octroyer, par crainte que son pouvoir ne lui permette de la renverser du trône.
Très en colère, Hugh O’Neill rompt toute allégeance à la couronne anglaise, et s’allie avec 7 autres chefs de clans pour lutter contre la présence anglaise en Ulster, et faire barrage à la montée du protestantisme. Il recrute alors des paysans d’Ulster, ainsi que des mercenaires écossais appelés Redshanks pour monter une armée capable de faire face aux assauts anglais. Il obtient également des mousquets, cartouches, et pièces d’artilleries de Philippe II d’Espagne, ce dernier étant également opposé au protestantisme.
Le conflit éclate en 1595, lorsqu’il tend une embuscade à une armée anglaise ayant participé à la Bataille de Clontibret. Vainqueur de ce premier assaut, Hugh décide avec les autres chefs de clan d’offrir la couronne d’Irlande à Philippe II d’Espagne qui la refuse pourtant.
Les conflits s’enchaînent alors entre anglais et irlandais. Hugh, de plus en plus populaire, se revendique alors comme le champion de l’église catholique romaine, et comme le libérateur des natifs irlandais.
En 1598, le conflit s’interrompt et Elisabeth Ier accorde son pardon à O’Neill. Toutefois, le conflit reprend deux mois plus tard, et O’Neill se bat toujours au nom de la cause irlandaise. Il massacre le 14 août 1598 une armée anglaise à la bataille de Yellow Ford, près de la rivière Blackwater.
Huit mois après la bataille, Robert Devereux, 2ème comte d’Essex est chargé par la reine d’écraser les rebelles, avec l’appui d’une armée de 17 000 hommes. Mais Devereux parvient à obtenir des pourparlers le 7 septembre 1599 et signe une trêve avec Hugh O’Neill.
Mais les conflits reprennent aussitôt, et Hugh O’Neill appelle tout les irlandais à le rejoindre pour se battre, au nom de la religion catholique, et de leur liberté. Toute l’Irlande le suit alors, mais les anglais parviennent à reprendre Derry, et à contraindre Hugh de se replier dans le comté d’Armagh. Toutefois, l’Espagne lui envoie une nouvelle armée, qui se fait massacrer à la Bataille de Kinsale. Cet échec cuisant est un véritable désastre pour O’Neill, qui anéantit aussitôt ses chances de gagner la guerre contre l’Angleterre.
O’Neill prend la fuite avec le reste de son armée vers le Nord. Cette fuite permet à Lord Mountjoy de reprendre peu à peu le contrôle de l’Irlande, et des villes d’Ulster. A l’époque, la famine fait rage, et la misère ambiante permet à l’Angleterre de réaffirmer sans mal sa suprématie.
Conscient de sa défaite, O’Neill se montre prudent, et demande le pardon de la reine. Il se soumet alors à Lord Mountjoy sans savoir que la reine Élisabeth Ier vient juste de mourir. La guerre de neuf ans est dès lors terminée.
Conciliant, Hugh se rend à la cours de Londres en juin, pour rencontrer Jacques Ier, successeur d’Élisabeth Ier. Il est alors pardonné, et renvoyé en Ulster, mais voit ses droits et pouvoirs fortement réduits par le gouvernement anglais. Il conteste sa situation auprès de l’Angleterre jusqu’en 1607, date à laquelle il apprend que son arrestation est imminente. Il décide de fuir l’Irlande le 14 septembre 1607 et passe l’hiver aux Pays-Bas. En avril 1608, il trouve l’hospitalité à Rome, soutenu par le pape Paul V.
En 1613, Hugh O’Neill est officiellement déclaré en tant que hors-la-loi par le Parlement d’Irlande. Il meurt le 20 juillet 1616 à Rome, et est enterré à San Pietro in Monotorio