Ils ont été des milliers. Des milliers à s’entasser sur les quais des ports irlandais, pour fuir la misère de la Grande Famine. C’est à la moitié du 19ème siècle, que des irlandais, appauvris, et usés ont fait le choix de quitter l’Irlande, au profit de terres jugées plus accueillantes… Leurs directions ? L’Amérique, l’Angleterre, ou encore l’Australie, des pays chargés d’espoirs, loin de la misère ambiante, qui sévit actuellement en Irlande… jusque là terrassée par une terrible famine.
C’est alors le début de l’émigration irlandaise. Et l’un des principaux pays d’accueil reste à jamais l’Amérique. Voilà pourquoi il y a tant d’américains de souche irlandaise aux USA !
La Grande Famine irlandaise – Domaine Public
1845. La Grande Famine sévit en Irlande.
Il s’agit d’une période particulièrement difficile pour les irlandais…
Les paysans voient leurs champs parasités par le mildiou, un champignon rendant la pomme de terre impropre à la consommation, plongeant la population dans une pénurie alimentaire sans précédent.
Avec ce champignon, les champs pourrissent à la vitesse de l’éclair dans une odeur nauséabonde.
Il est alors impossible pour les irlandais de se nourrir correctement.
Bien que l’Irlande soit alors sous domination britannique, l’Angleterre ne semble pas réagir à la hauteur de la catastrophe. Elle continue d’utiliser l’Irlande comme son « panier à provision », et exporte le reste des denrées produites vers Londres… Oeufs, lait, viande… la nourriture produite en Irlande est directement envoyée en Angleterre, alors que la population locale irlandaise se meurt.
Très vite, les choses s’emballent. les irlandais souffrent de sous-nutrition, tombent malade, et vivent dans la misère ambiante. Des épidémies de choléra se répandent, tandis que la famine fait de nombreuses victimes suite à des anémies sévères…
Entre 500 000 et un million d’irlandais meurent partout en Irlande suite à ce phénomène. Dès lors, les riches propriétaires britanniques semblent profiter de la situation en expulsant de leurs terres des milliers de familles irlandaises désormais incapables de s’acquitter d’un loyer… Des faits d’une rare atrocité, qui précipitent d’autant plus la population vers la misère et la mort.
Émigration irlandaise – Domaine public
Face à une telle situation, les irlandais se tournent vers l’Amérique, continent de tous les espoirs et de tous les rêves. Ils voient alors en ce Nouveau Monde l’idée d’un recommencement et la possibilité de peut-être accéder à la réussite sociale, ce fameux rêve où tout projet devient possible…
Fuyant donc une Irlande moribonde, ils sont plusieurs milliers d’Irlandais à s’entasser dans des cargos vers l’Amérique. Mais le voyage est un enfer : il faut plus de 6 semaines de traversée… Le tout à bord de vieux cargos canadiens venus spécialement pour décharger des cargaisons de bois venus des Amériques auprès de l’Angleterre.
Afin de ne pas repartir à vide, ils partent ensuite en direction de l’Irlande, pour prendre les émigrants irlandais, et ensuite repartir vers les États-Unis.
Les émigrés irlandais sont entassés à bord de bateaux insalubres
Le voyage est alors une véritable épreuve : les irlandais embarquent à bord dans des conditions dramatiques, où l’insalubrité des embarcations provoque maladies (typhus, choléra ou encore dysenterie) et décès en nombre. Le froid, en hiver est insupportable et il est difficile de se chauffer correctement, provoquant hypothermies et contractions d’autres maladies mortelles.
Ajoutez à cela la houle, les tempêtes et les avaries potentielles, et vous comprendrez pourquoi ces bateaux étaient alors surnommés « coffin ships« , soit des bateaux-cercueils au sens littéral.
Il faut dire que les chiffres sont effrayants : on estime que des milliers d’irlandais périssent durant leurs voyages. La faute à des embarcations trop précaires, et à une mauvaise gestion sanitaire. Les bateaux sont surchargés de passagers, créant l’impossibilité d’isoler les malades.
Ainsi, les malades du choléra sont allongés aux côtés de passagers sains. L’absence de médecins à bords ou de médicaments génère des épidémies généralisées à bord.
On estime que plus de 2 300 000 d’irlandais auraient tentés leur chance pour atteindre l’Amérique entre 1845 et 1854. Un chiffre vertigineux qui n’est pas sans inquiéter la population américaine, qui voit en l’émigration irlandaise, le risque de contaminer la population saine déjà en place là-bas.
La décision est alors prise de placer chaque nouvel arrivant en quarantaine avant d’autoriser sa libre circulation en ville. Ainsi, New York parque les nouveaux arrivants sur Ellis Island, une île au large de la ville. Même chose pour Boston, qui choisit Deer Island pour contrôler les arrivées.
Le Canada en fait autant afin de mieux réguler les arrivées.
Chaque passager est alors contrôlé, examiné par un médecin, et soumis à une période d’observation.
La différence de niveau de vie des irlandais entre l’Irlande et les États-Unis
En plus de craindre une explosion des maladies sur place, les États-Unis craignent pour leur économie en place. L’arrivée massive d’émigrés irlandais pourrait bien provoquer une hausse du chômage, ainsi qu’une baisse des salaires.
Ainsi, pour certaines franges de la population, les irlandais ne sont clairement pas les bienvenus. A commencer par une bourgeoisie anglo-saxonne protestante, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de ces catholiques irlandais.
Cela contraint les émigrés irlandais à s’installer massivement à New York ou encore Boston, dans des quartiers ghettos.
Toutefois, malgré quelques heurts, les irlandais parviennent à trouver du travail. Ils ouvrent des commerces, s’enrôlent dans la police locale en masse (d’où l’image célèbre du policier américano-irlandais qui perdure encore de nos jours), et travaillent également massivement dans le bâtiment, construisant buildings, routes et ponts du Nouveau Monde.
Très vite, les « irlandais » finissent par s’adapter à leur nouvelle vie, appréciant les bienfaits et la richesse des États-Unis… On estime alors qu’ils représentent plus d’un tiers de la population de New York. Un chiffre vertigineux qui leur permet de créer une véritable diaspora irlandaise.
Ainsi, les quartiers irlandais se développent. Les émigrés irlandais y vivent à l’irlandaise, construisant leurs propres églises, ouvrant des commerces, des irish pubs, publiant leurs propres journaux locaux, et perpétuant les traditions irlandaises localement.
On observe également la création de gangs et d’une mafia irlandaise, oscillant entre bagarres, petits larcins et crimes de plus grande envergure.
De leurs côté, les travailleurs n’en oublient pas pour autant l’Irlande, toujours déchirée par la faim et la misère, ainsi que par les exactions britanniques profitant insidieusement de la situation… Certains irlando-américains ont encore de la famille en Irlande, et leurs envoient régulièrement tout l’argent possible pour les aider dans leur quotidien misérable…
Certains s’organisent même autour d’un mouvement nationaliste révolutionnaire : le mouvement Fenian, destiné à lutter à distance pour libérer l’Irlande du joug britannique.
Autant d’actions, qui permettent de soutenir l’île d’Émeraude à distance.
Il aura fallu à peine quelques années pour que les émigrés irlandais fassent partie intégrante du paysage américain. Une intégration réussie grâce à leur forte implication dans le monde du travail local, mais aussi grâce à leur engagement pour des causes politiques locales.
Pour rappel, les émigrés ont ainsi participé à la Guerre de Sécession sous l’étendard de de l’Union du Nord ou de la Confédération du Sud. Une implication qui leur a permit par la suite d’être pleinement considéré comme des citoyens américains, ayant « payés l’impôt du sang ».
Au fil des siècles, la diaspora irlandaise a grandi, et a finit par s’implanter dans tous les milieux locaux, intégrant également celui de la politique. Ainsi, des maires irlandais sont élus à New York, et certains s’engagent même au sein du parti démocrate !
De quoi expliquer pourquoi de nombreux présidents américains possèdent des origines irlandaises (dont JFK, Joe Biden…etc) !
Qu’on se le dise : l’émigration irlandaise a été plutôt favorable aux irlandais, mais aussi à l’Amérique elle-même. Les irlandais, par leur capacité d’intégration, ont sus servir les intérêts du nouveau Monde.
On estime d’ailleurs que la population américaine compte de nos jours plus de 10% d’américains possédant des origines irlandaises !
Et certains d’entre eux, ont même sus se démarquer par leur talents !
De nos jours, nombreux sont les américanos-irlandais à avoir su percer, et bénéficier d’une renommée internationale ! A commencer par John Fitzgerald Kennedy, Neil Armstrong, Joe Biden et bien d’autres !