Comme de nombreuses villes d’Irlande du Nord, Belfast possède de célèbres fresques murales, peintes sur de nombreuses maisons dans des quartiers catholiques et protestants. Ces murs peints témoignent à leur façon du passé trouble de la ville, en illustrant le conflit opposant les catholiques aux protestants, un conflit séculaire qui sévit encore de nos jours… Si l’histoire de Belfast vous intéresse, alors ne ratez surtout pas ses peintures murales : elles sont à elles seules le patrimoine historique et culturel de toute une ville !
La première fresque murale apparait en Irlande du Nord en 1908, plus précisément à Belfast sur Beersbridge. Elle y représente la victoire de Guillaume III d’Angleterre sur Jacques II au cours de la bataille de la Boyne. Guillaume III y apparait sur un cheval blanc, l’air fier et victorieux. Ce mur a été peint par des membres de l’Ordre Orangiste (protestants), qui souhaitaient humilier et rappeler aux catholiques leur défaite cuisante lors de la Bataille de la Boyne.
Très vite, les catholiques répondent également par peinture interposée, et peignent sur leurs maisons des fresques marquant leur combat contre les protestants…
C’est en 1960, que l’Irlande du Nord connaît une période surnommée pudiquement « Les Troubles ». Cette période désigne en vérité plus de 30 ans de violence en Irlande du Nord, provoquant la mort de plus de 3000 civils, hommes, femmes et enfants.
L’escalade de la violence permet ainsi aux peintures murales de se radicaliser, et de nombreuses troupes paramilitaires n’hésitent pas à se représenter sur les murs, pour intimider l’autre camps…
Ainsi, les murs de Belfast se parent de peintures de l’IRA (catholiques), ou encore de l’UVF (Ulster Volunteer Force) (protestants). Les peintures prônent la guerre au nom de la mise en place future d’une paix durable… On y représente des hommes armés, des batailles, ou simplement les symboles culturels de chaque camps.
Dans les années 80, la lutte nord-irlandaise voit l’émergence de nouveaux héros. Parmi eux, l’on peut compter le célèbre Bobby Sands, membre de l’IRA qui organisa une grève de la faim alors que celui-ci était emprisonné dans les H-blocs de la prison de Maze.
Son jeûne était un moyen de protestation contre les agissements de Margaret Tatcher, et de pression sur le gouvernement britannique. Malheureusement pour lui, l’Angleterre ignora sa démarche, et ce dernier mourut après 60 jours de jeûne douloureux. Les fresques se multiplièrent en son honneur… y compris sur les murs de Belfast.
1990 marque le tricentenaire de la Bataille de la Boyne ainsi que la multiplication des fresques à Belfast. Même si certaines n’existent plus ou d’autres ont subi des dommages, on estime qu’environ 1400 fresques ont été réalisées depuis 1996, tous belligérants du conflit compris, entre les villes de Belfast et Derry.
Très vite, ces murs de Belfast deviennent célèbres dans le monde entier, et l’art pictural nord-irlandais commence à s’exporter. On observe ainsi des murs similaire aux États-Unis, ou en Europe… Depuis, de nombreuses associations et collectifs s’organisent pour veiller à la protection de ses fresques. Certaines sont restaurées, tandis que d’autres murs vierges se couvrent d’autres peintures propres à l’Histoire de la ville…