La Prison de Maze (surnommée « Long Kesh ») fut l’une des plus terribles prisons d’Irlande du Nord de toute l’Histoire de L’Île d’Irlande. Symbole de l’occupation britannique, elle fut le lieu de détention de bon nombres de républicains, loyalistes, et d’innocents nord-irlandais victimes du conflit opposant l’Irlande du Nord au Royaume-Uni. Beaucoup de détenus périrent dans cette prison, dont le célèbre Bobby Sands.
La prison de Maze – Brendan Rankin – CC
1921 : l’Irlande signe un traité avec l’Angleterre et se proclame officiellement en tant qu’Etat indépendant. En contrepartie, l’Angleterre demande l’annexion des 6 comtés d’Irlande du Nord, coupant ainsi l’île en 2 zones distinctes à savoir : le sud libre, et le nord occupé par les britanniques. Malgré le scandale et la guerre civile provoquée par ce Traité, cette situation stagnera jusqu’à nos jours, laissant ainsi le Nord aux mains des anglais, des barbelés et des blindés, sous un climat de tension extrêmement intense.
Ce fut donc en 1971 que la prison de Long Kesh vit le jour. Le gouvernement de Londres lança un vaste plan de « sécurisation » autorisant les soldats britanniques à emprisonner sans procès tout opposant à l’occupation anglaise en Irlande du Nord. Afin de parquer ces prisonniers, ils choisirent une ancienne base désaffectée de la Royal Air Force, située sur le village de Maze. Ainsi naquit la prison de Long Kesh.
La première vague de prisonniers fut raflée au cours d’une Opération militaire connue sous le nom d’opération Demetrius. Pas moins de 452 hommes issus des quartiers catholiques de Belfast furent alors parqués sans autre explication à la prison de Maze. On les entassait dans ce que l’on appelait les H-Blocks, des quartiers cellulaires de haute sécurité en forme de H. A cette époque, la prison était avant tout un lieu de détention illégal, car non officiel, et ne respectant en aucun cas les droits de ses détenus.
La prison de Maze ne devint une prison officielle qu’à la fin des années 70, lorsque Londres jugea nécessaire de formaliser d’avantage ses actions. La qualité de détention ne fut cependant pas améliorée pour les prisonniers, qui commencèrent à enchaîner les protestations au travers d’une lutte : le « Blanket and No-Wash Protest« . Cette lutte consistait à refuser de porter l’uniforme de détenu, et à s’enrouler nu dans une simple couverture, tout en faisant une véritable grève de l’hygiène. Ainsi, les détenus protestaient dans le plus simple appareil, dans un environnement infect où les murs étaient recouverts d’excréments, et le sol d’urine.
Après quelques grèves de la faim infructueuses, c’est en 1981 que Bobby Sands, un leader de l’IRA, décide d’entamer une grève de la faim sans précédent. Son message est alors très clair : il refusera de s’alimenter tant que Margareth Thatcher n’aura pas reconnu plus de droit aux prisonniers de Maze. Bobby Sands se dit même prêt à mourir pour cette cause, et entend rallier à lui d’autres grévistes de la faim, qui prendront sa suite à sa mort.
Commence alors un long bras de fer entre les républicains nord-irlandais et le gouvernement de Londres. Cette grève provoque un tollé général dans le monde entier, indignant l’opinion sur l’attitude britannique, qui reste impassible. Malgré la pression politique de différents pays, Margaret Tatcher demeure silencieuse, et laisse Bobby Sands et ses compagnons de cellule mourir à la chaîne suite à un jeûne atrocement douloureux en mai 1981.
Ces décès amplifient les tensions et affrontements entre soldats britanniques et les nord-irlandais. Afin de prouver sa bonne volonté, le gouvernement londonien tente d’assouplir progressivement les conditions de détention des détenus. Ils finissent par regrouper les prisonniers dans les H-Blocks selon leur appartenance para-militaire, et leurs accordent d’avantage d’autonomie.
Beaucoup sont libérés suite aux Accords du Vendredi Saint, et Long Kesh ferme ses portes après avoir relâché les derniers prisonniers. On annonce quelques années plus tard la démolition future de la prison. Quelques anciens prisonniers décident alors de revisiter le lieu, et de visiter l’infirmerie où Bobby Sands mourut au nom de la cause nord-irlandaise.