Les grèves de la faim de 1981 sont une conséquence de plusieurs années de conflit nord-irlandais, opposant des prisonniers républicains irlandais au gouvernement de Londres… Les prisonniers membres de l’IRA auraient en effet entamé une grève de la faim dans les années 80, afin de faire reconnaître leur statut de prisonnier politique aux yeux du Royaume-Uni… Ces grèves eurent de terribles effets sur l’opinion politique internationale, et devinrent un véritable bras de fer entre les grévistes et Margaret Thatcher…
La prison de Maze – Brendan Rankin – CC
La seconde moitié du XXème siècle est une période trouble en Irlande du Nord… Cette dernière est en effet déchirée par un conflit opposant les britanniques protestants aux catholiques irlandais… Très vite, ces tensions entraînent une véritable escalade de violence opposant les protestants aux catholiques républicains… Dès 1960, des factions paramilitaires comme l’IRA décident d’affronter les protestants…
Face à cette situation explosive, le gouvernement de Londres ordonne en 1971 le projet de la prison de Long Kesh. Cette prison est une ancienne base désaffectée de la Royal Air Force, destinée à emprisonner sans procès tout les nord-irlandais catholiques suspectés d’activisme pro-républicain… Ces derniers sont alors incarcérés dans des « blocs H » et s’imposent une discipline militaire extrêmement stricte pour lutter contre le gouvernement Londonien à l’intérieur de la prison…
Hormis leurs conditions déplorables de détention, les prisonniers se voient refuser le statut de prisonnier politique… Or, ce refus révolte les détenus, qui comptent bien faire valoir leurs droits… Billy McKee organise alors une première grève de la faim en juillet 1972 ou plus de 40 prisonniers membres de l’IRA cessent de s’alimenter… Face à cette grève, le gouvernement de Londres décide de leur accorder le statut de prisonnier politique : ces derniers sont alors exemptés du port de l’uniforme de détenu, et peuvent s’abstenir de travailler au sein de la prison… Malheureusement pour les grévistes, ce statut sera supprimé en 1976…
Face à la suppression du statut de prisonnier politique, le prisonnier Kieran Nugent débute le 14 septembre 1976 le Blanket Protest, une forme de protestation consistant à refuser de porter l’uniforme de prisonnier… Ce dernier décide de vivre nu ou emmitouflé dans une couverture alors que le froid et l’humidité sont très présents au sein de la prison…
Cette première protestation s’envenime, lorsque que des prisonniers sont attaqués par des gardiens de prison en 1978, alors qu’ils quittaient leurs cellules pour vider leurs pots de chambre… Les prisonniers décident donc de passer à au Dirty Protest, une autre forme de protestation consistant à faire la grève de l’hygiène… Les prisonniers refusent alors de se laver, et barbouillent les murs de leurs cellules de leurs propres excréments, revendiquant le respect de leur statut politique ainsi que :
Malgré la Dirty Protest, les revendications des prisonniers sont sans effet. Les prisonniers décident alors d’organiser une nouvelle grève de la faim le 27 octobre 1980… Seuls sept prisonniers sont sélectionnés pour ce jeûne et font partie de l’IRA et de l’INLA : Brendan Hughes, Tommy McKearney, Raymond McCartney, Tom McFeeley, Sean McKenna, Leo Green et John Nixon.
Après plus d’un mois de jeûne, 3 prisonnières de la prison d’Armagh se joignent au mouvement, ainsi qu’une douzaine d’autres prisonniers de Long Kesh. Les négociations démarrent alors entre les prisonniers et le gouvernement de Londres… L’état de santé de certains gréviste se détériore rapidement, et McKenna entre et sort régulièrement du coma… Face à la pression de l’opinion, le gouvernement finit par publier un document de 30 pages, et annonce qu’il accepte les demandes des prisonniers… La grève s’interrompt donc après 53 jours de jeûne, et sauve la vie de McKenna, alors à deux doigts de la mort…
En janvier 1981, le gouvernement britannique n’a toujours pas tenu sa promesse, et n’a pas réhabilité les prisonnier au statut de prisonnier politiques…
Une nouvelle grève de la faim est donc programmée pour le 1er mars 1981, et dirigée par Bobby Sands. La règle est simple : chaque semaine, un nouveau détenu doit s’associer à cette grève, et aller jusqu’au bout… S’entame alors un véritable bras de fer avec Margaret Thatcher, alors premier Ministre Britannique. Des manifestations dans les rues de Belfast se déroulent durant la seconde semaine de la grève, en signe de soutien aux grévistes…
Durant cette grève, la mort d’un député républicain du Fermanagh et du Sud du Tyrone éveille bien des ambitions, et Bobby Sands décide de se porter candidat aux élections, tout en maintenant son jeûne. Sands est finalement nominé le 9 avril 1981, ce qui donne un poids supplémentaire à sa grève…
Pour protester contre cette élection, et les revendication des grévistes, Margaret Thatcher déclare : « Nous ne sommes pas disposés à considérer la possibilité d’octroyer un statut spécial à certains groupes purgeant une peine pour avoir commis un crime. Un crime est un crime, ce n’est pas politique.« .
Très vite, l’état de Bobby Sands se détériore, et ses souffrances sont relayées dans les médias… De nombreuses personnalités viennent rendre visite aux grévistes pour les convaincre d’abandonner afin de rester en vie… Rien n’y fait : Bobby Sands, tout comme Margaret Thatcher camperont sur leurs positions, jusqu’au décès de Sands le 5 mai 1981 après 66 jours de grève.
Sa mort provoque alors des émeutes dans toute l’Irlande du Nord. La position de Margaret Thatcher fut hautement critiquée, mais celle-ci déclara : « M. Sands était un criminel condamné. Il a choisi de s’enlever la vie. C’est un choix que son organisation n’a pas donné à beaucoup de ses victimes.« .
Dans les deux semaines qui suivirent la mort de Sands, trois autres grévistes de la faim moururent : Francis Hughes, Raymond McCreesh et Patsy O’Hara. Malgré ces nouvelles morts et la pression internationale grandissante, Thatcher refusa de négocier leur statut de prisonnier politique, affirmant, fin mai 1981 que « Devant l’échec de leur cause discréditée, les hommes de violence ont choisi, ces derniers mois, de jouer ce qui pourrait bien être leur dernière carte.« .