Alors que la tourbe est utilisée depuis des siècles en Irlande, son usage est de plus en plus au cœur des débats. Sur fond de crise énergétique, ce combustible naturel possède bien des avantages pour se chauffer de par son prix économique, mais pose également la question de son impact écologique. Un débat qui divise en Irlande et qui remet en doute des siècles de mœurs et de tradition irlandaise !
En Irlande, la tourbe est un composé d’une grande richesse. Souvent appelée « l’or noir irlandais », on la trouve partout. Il faut dire que l’île d’Émeraude est recouverte de nombreuses tourbières, sortes d’étendues marécageuses et humides, où des milliers de matières organiques s’y décomposent depuis des siècles.
Au sein du pays, la population y a toujours trouvé là son moyen de chauffage le plus efficace. Légèrement odorante, elle est appréciée pour son prix peu coûteux, mais aussi pour sa capacité à chauffer rapidement tout un foyer.
Pour cela, les tourbières sont exploitées depuis des siècles. On y extrait ainsi des tonnes de briquettes de tourbes, qui sont séchées à l’air libre avant d’être brûlées dans les cheminées pour se chauffer efficacement…
Une surexploitation qui inquiète de plus en plus. Car les tourbières semblent à bout de souffle. Considérées comme des zones d’une grande biodiversité, elles se voient quotidiennement éventrées pour constituer de nouvelles briquettes… et posent la question de leur survie environnementale.
Car pour de nombreux écologistes, les tourbières sont précieuses. Il s’agirait même de véritables bienfaitrices pour l’environnement : elles garantissent un équilibre de l’écosystème local et ont l’avantage d’absorber naturellement le CO2, en le conservant durablement…
Or, la surexploitation actuelle est en train de faire disparaître ces tourbières, entrainant l’assèchement de ces zones, et un réel déséquilibre écologique.
Au delà de la désertification des tourbières irlandaises, la tourbe e, elle-même pose également un véritable problème pour se chauffer. Son usage dans les cheminées et poêles irlandais serait ainsi particulièrement polluant, ce composé organique rejetant d’énormes volumes de CO2.
Bien que son usage se soit fortement réduit avec les dernières années, on estime qu’une famille sur sept utiliserait encore la tourbe comme moyen de chauffage unique. Une minorité, qui impacte encore fortement l’environnement de l’île d’Émeraude…
A l’heure où l’Europe vit une véritable crise énergétique, au vu du conflit en Ukraine, l’heure est donc au questionnement pour l’Irlande.
Faut-il renoncer à des siècles d’utilisation de la tourbe au profit d’énergies renouvelables ? Faut-il simplement encadrer d’avantage l’exploitation des tourbières pour éviter qu’elles ne se transforment en plaines désertes ?
Bien que l’urgence soit réelle, l’obstacle le plus récurrent reste avant tout d’ordre économique : la tourbe est particulièrement intéressante pour les foyers irlandais. Elles seraient bien moins coûteuse que le gaz et le charbon, et facile à se procurer dans tout le pays.
Aussi, le gouvernement irlandais semble s’intéresser à de nouvelles alternatives, permettant de s’approvisionner plus facilement en énergies renouvelables, sans passer par l’exploitation des tourbières.
L’option la plus intéressante semble être l’accord récemment passé avec la France, pour connecter l’Irlande à un gigantesque réseau électrique sous-marin. L’Irlande pourrait ainsi bénéficier de l’électricité nucléaire française… Une option qui pourrait permettre aux tourbières de retrouver leur tranquillité.
01 juin 2023 
