L’Histoire irlandaise a été marquée par le passage de femmes fortes, qui ont sus laisser à jamais leur empreinte dans les consciences collectives. Maud Gonne (1866 – 1953) en est un des exemples vibrants ! Cette comédienne et militante nationaliste est particulièrement célèbre pour ses combats en faveur de l’indépendance irlandaise, de la promotion de la culture gaélique, mais aussi du mouvement féministe. Une femme irlandaise encore aujourd’hui célébrée dans toute l’Irlande !
Maud Gonne nait le 21 décembre 1866, en Angleterre. A l’âge de 6 ans, elle perd sa mère prématurément, et est alors envoyée à Paris, pour être élevée au sein d’un pensionnat pour jeune-fille.
Maud Gonne mène donc son enfance à Paris jusqu’en 1882, puis retourne à Dublin auprès de son père. Ce n’est qu’à l’âge de 20 ans qu’elle décide de retourner en France, et qu’elle fait la connaissance de Lucien Millevoye, un journaliste français possédant des opinions politiques radicales.
Cette rencontre est décisive pour elle : Maud tombe amoureuse, et découvre la politique. Elle commence à s’entourer d’artistes, dont le poète William Butler Yeats, qui tombe d’ailleurs amoureux d’elle.
Entre temps, le père de Maud Gonne décède de la fièvre typhoïde, et lui lègue plus de 20 000 livres sterlings. Elle décide alors d’utiliser une partie de la somme pour s’installer en Irlande, dans le comté de Donegal, en 1890. Scandalisée par la politique d’expulsion des familles irlandaises en difficulté, Gonne se lance dans la lutte pour les classes défavorisées. Elle tente alors de sensibiliser l’opinion par la rédaction d’articles dans la presse, et s’emploie à trouver des fonds pour la construction de refuges.
En 1890, Maud Gonne s’installe dans le comté de Donegal en Irlande. Fortement politisée, elle s’implique immédiatement et milite contre les expulsions des familles pauvres irlandaises. Pour cela, elle organise des levées de fonds, construit des refuges pour sans abris, et écrit de nombreux articles de sensibilisation dans les journaux.
Une action qui déplaît fortement à ses détracteurs. Menacée d’être arrêtée, elle fuit la France et donne naissance à son fils Georges, fruit de sa relation avec Lucien Millevoye.
A Paris, elle ne perd pas de sa fougue et lance un journal mensuel baptisé « L’Irlande libre ». Le journal est destiné à rendre compte en France de la situation politique irlandaise, avec ses injustices sociales, le rapport de force constant avec les britanniques…etc. Très vite, elle attire des sympathisants français à la cause irlandaise, et finance également un recueil de poèmes de Ellen O’Leary.
Elle rompt entre temps avec Millevoye et retourne en Irlande avec son fils Georges.
William Butler Yeats – Domaine public
En 1891, le fils de Gonne décède des suites d’une méningite. Fort attristée, elle trouve le réconfort auprès de William Butler Yeats, qui, toujours amoureux, s’emploie à lui faire oublier cette perte tragique. Pour se réconforter, Gonne utilise du chloroforme, tandis que Yeats lui fait découvrir l’occultisme. Tout deux forment alors un couple, qui donne naissance à une fille nommée Iseut. Le couple séjourne entre l’Irlande et Paris, où ils s’adonnent à de multiples activités de sensibilisation à la cause irlandaise.
Cette association a plusieurs objectifs : elle milite en faveur des femmes, des pauvres, ainsi que pour la cause nationaliste. Elle fonde d’ailleurs quelques mois plus tard avec Yeats et Laddy Gregory, « l’Abbey Theatre », un théâtre dédié au mouvement littéraire « Irish Literary Revival ».
Gonne y joue d’ailleurs quelques pièces écrites par Yeats.
James Connolly – Domaine public
Pour Maud, l’heure est venue de s’impliquer d’avantage pour les combats irlandais. En 1897, elle participe avec Yeats à la création de la branche parisienne de la Young Ireland. Elle se convertit au catholicisme, prononce de nombreux discours politiques, et tente de collecter des fonds aux États-Unis.
Elle fait également la connaissance de James Connolly avec qui elle rédige une analyse portant sur la pauvreté, la famine, ainsi que le droit à la propriété. Elle fonde également la même année un groupe féministe : les « Inghinidhe na hÉireann » (les femmes d’Erin).
Elle fonde ensuite un groupe militant : le Inghinidhe na hÉireann (les Femmes d’Erin). Le groupe publie chaque mois un journal qui prône l’indépendance irlandaise et des valeurs féministes.
Le groupe s’implique également dans le « Gaelic Revival », un mouvement visant à protéger coûte que coûte la culture gaélique irlandaise, avec sa langue, ses sports et ses traditions séculaires. Pour cela, le Inghinidhe na hÉireann propose des cours d’éducations à destination des femmes, organise des leçons de gaéliques, fait la promotion de la musique, de la danse et de chants irlandais… et propose la distribution de repas gratuits aux enfants pauvres.
Mais Maud Gonne ne s’arrête pas là. Avec William Butler Yeats et Lady Gregory, elle crée la fondation de l’Abbey Theatre à Dublin.
Elle entretient toujours une relation mouvementée avec Yeats. Le poète, très amoureux, écrit de nombreux poèmes, ainsi qu’une pièce de théâtre en hommage à sa compagne.
Contre toute attente, c’est en 1903 que Gonne rompt avec Yeats pour se marier avec John McBride, un militaire de l’Irish Brigade. Bien que leur mariage se solde rapidement par un divorce, Gonne accouche de Seán McBride, qui sera une fois adulte, le co-fondateur d’Amnesty International. Devant cet échec, Gonne retourne en Irlande, et poursuit sa lutte auprès de James Connolly ou encore de la Comtesse Constance Markievicz.
La Première Guerre Mondiale éclate : Gonne milite alors contre la circonscription des Irlandais dans l’armée britannique. Le 5 mai 1916, elle apprend l’exécution de son ex-mari, John McBride, suite à sa participation à l’Insurrection de Pâques. Le combat contre la circonscription lui vaut alors une arrestation : Gonne est emprisonnée 6 mois dans une prison de Londres. Dès sa sortie, elle crée avec Charlotte Despard une association destinée à défendre les droits des prisonniers républicains.
En 1938, elle rédige ses mémoires, connues sous le nom de « A Servant of the Queen » (Une servante de la Reine »), puis décède bien des années plus tard, le 27 avril 1953. Elle est enterrée au cimetière de Glasnevin à Dublin.