Une île. Deux territoires. La situation géopolitique de l’île d’Irlande est la conséquence de plusieurs siècles de lutte acharnée, où l’Irlande s’est vue contrainte de vivre sous occupation anglaise. Un conflit aujourd’hui apaisé, mais qui reste encore vivace, notamment en Irlande du Nord…
Monasterboice – © spectrumblue
Le conflit anglo-irlandais a pris racine au XIIème siècle, date à laquelle de riches normands venus d’Angleterre, décident de faire des raids en Irlande. A cette époque, ils débarquent en terre irlandaise, pillent et saccagent les monastères (dont celui de Monasterboice).
Ces derniers convoitent fortement l’île d’Irlande. Ils envisagent alors de la coloniser, et d’étendre leur oppression sur les irlandais, qu’ils jugent simples et peu civilisés.
Leur objectif est clair : ces derniers souhaitent s’installer et imposer par la force la culture anglaise sur le territoire irlandais.
Mais cette invasion n’est pas du goût des irlandais. De nombreuses guerres et luttes de pouvoir s’enchaînent afin d’écraser l’Irlande sous la botte britannique.
Les anglais mobilisent alors leurs troupes en Irlande, interdisent aux irlandais la pratique du gaélique (leur langue traditionnelle), leur musique et les privent de leurs libertés les plus fondamentales. Par la même occasion, les irlandais, profondément catholiques, sont appelés à se convertir au protestantisme.
Une situation impossible, qui entraîne d’innombrables guerres meurtrières, des sièges, ainsi que des mises à sac de villes locales, où femmes et enfants sont également violés et mis à morts.
Oliver Cromwell – Domaine Public
Pour mieux consolider leur présence sur le territoire irlandais, Oliver Cromwell, un militaire anglais, décide de prendre les choses en main. Il débarque en 1649 avec plus de 12 000 hommes. Il met à sac de nombreuses villes irlandaises, viole, tue et massacre hommes, femmes et enfants.
Ces actes (que l’on appelle les Conquêtes de Cromwell) durent 3 ans, et sont si meurtrières que la population irlandaise passe de 1 466 000 à 616 000 habitants. Une véritable hécatombe.
Dans le même temps, Oliver Cromwell invite des colons britanniques à venir s’installer en Ulster (On parle alors de « Plantations« ). Il encourage l’arrivée de hauts dirigeants anglais, et souhaite étendre la colonisation de la région. (Cette politique est à l’origine de la situation actuelle en Irlande du Nord, où les nord-irlandais doivent vivre aux côtés de nombreux britanniques. Cela a fortement exacerbé le conflit anglo-irlandais au XXème siècle.)
Des irlandais lors de l’Insurrection de Pâques – Domaine Public
De nombreux rebelles irlandais tentent alors de se battre contre cette domination au fil des siècles… jusqu’en 1916, date de l’Insurrection de Pâques, où les irlandais tentent de reprendre Dublin par la force… en vain.
Une guerre d’indépendance éclate alors de 1919-1921. L’Angleterre concède alors l’indépendance de l’Irlande du Sud, mais entend garder l’Irlande du Nord sous sa domination.
Une situation déchirante, qui provoquera une terrible guerre civile (1922-1924) où irlandais s’affrontent entre eux sur la question du Traité de Londres (le fameux traité ayant permis l’annexion de l’Irlande du Nord par les britanniques).
Le Bloody Sunday représenté sur une façade
Dans les années 1960, l’Irlande du Nord est toujours aux mains du Royaume-Uni. Mais des factions armées s’affrontent encore et toujours autour de la question de l’Irlande du Nord. Des milices comme l’IRA ou l’UVF s’affrontent sans relâche, à coup d’attentats à la bombe et de violences de grande intensité. Des villes comme Belfast ou Londonderry sont alors cernées par les barbelés, et les quartiers sensibles sont envahis par les chars et les troupes britanniques.
Les bavures s’enchaînent alors : les troupes britanniques tirent sur une foule de manifestants pacifiques à l’occasion du 30 janvier 1972 (c’est que l’on appelle le Bloody Sunday). Des centaines de nord-irlandais, suspectés d’insurrection sont emprisonnés sans jugement dans des prisons locales…
Et le bilan est lourd. De 1960 à 1990, plus de 3480 personnes décèdent durant cette période, des suites de balles perdues, d’attentats, et d’autres actes de guérillas. Des deux côtés, nord-irlandais républicains, et britanniques loyalistes déplorent des victimes.
Jusqu’à ce jour de 1998, où l’Irlande du Nord signe un acte historique : les accords du Vendredi Saint. Il est alors question de faire la paix : les milices armées sont sommées d’entamer leur démantèlement, et un processus de paix est mis en place.
De nos jours, l’Irlande du Nord a su s’assagir, et le conflit anglo-irlandais semble apaisé… malgré encore quelques tensions palpables. De nombreux orangistes paradent encore dans les rues en été pour commémorer leur victoire historique sur les irlandais… Une situation qui tend les quartiers sensibles de Belfast ou de Derry où l’on peut observer quelques dérapages et actes de violence.
Toutefois, les actes de violence sont désormais peu nombreux. Les quartiers sensibles ont su se rouvrir aux autres, et la qualité de vie s’est améliorée. On peut tout à fait y voyager sans crainte.
Le conflit anglo-irlandais n’est toutefois pas complètement terminé pour autant : en effet, le Brexit serait actuellement en train de réveiller certains fantômes du passé. En cas de Brexit dur (sans accord), l’Irlande du Nord pourrait se voir totalement coupée du reste de l’Irlande. Une situation économique terrible, qui nécessiterait peut-être la création d’une frontière, ainsi que l’instauration d’une règlementation douanière extrêmement impactante pour la province nord-irlandaise.
Bien que la région soit encore dans le flou, la colère gronderait de plus en plus. Beaucoup de nord-irlandais estiment être pris en otage par le Royaume-Uni… et appellent à un référendum pour la réunification de l’Irlande.
Une attente refusée en bloc par le Royaume-Uni, qui s’accroche par tous les moyens à l’Irlande du Nord… encore aujourd’hui.