Éamonn Ceannt (1881-1916) est un révolutionnaire irlandais, qui a fait partie des 16 hommes qui ont été exécutés en tant que dirigeant de l’Insurrection de Pâques de 1916. Il est probablement le moins connu des sept signataires de la Proclamation de la création de l’Etat libre d’Irlande. Mais il fait partie des hommes à s’être levés contre l’empire britannique, et à prôner l’idée d’une Irlande libre. Un rêve qui a malheureusement provoqué sa perte, mais qui l’a aussi rendu immortel, de par son courage et sa bravoure. Retour sur le destin d’un homme qui a tout donné pour son pays… et qui est encore encensé par la société moderne.
Éamonn Ceannt – Domaine public
Éamonn Ceannt nait sous le nom de Edward Thomas Kent (à ne pas confondre avec Thomas Kent, un autre rebelle qui a été abattu à Cork) dans le comté de Galway en 1881. Très vite, sa famille déménage à Dublin où il mène une enfance paisible.
Il mène des études à la Christian Brothers ‘School de North Richmond Street.
Dès lors, le jeune homme rejoint la Ligue gaélique. Il se découvre une véritable passion pour le uilleann pipe, la cornemuse irlandaise, et pratique régulièrement de cet instrument.
Très rapidement, il se forge de solides convictions sur le destin de l’Irlande. Attaché à son histoire et à sa culture, il rejette fermement la présence britannique sur le sol irlandais et exècre l’oppression et la discrimination dont les irlandais sont victimes.
Il baigne alors dans des cercles nationalistes irlandais, et fini par rejoindre la Fraternité républicaine irlandaise puis les Irish Volunteers, une brigade irlandaise aspirant à l’indépendance.
Il devient alors le commandant de la compagnie A, quatrième bataillon.
Il participe alors activement à l’organisation d’un soulèvement, prévu le 24 avril 1916. L’objectif est clair : les rebelles doivent s’emparer des places fortes de Dublin, (dont la célèbre GPO, la Poste irlandaise), proclamer la naissance de la République d’Irlande, et mettre fin au joug anglais sur le territoire irlandais.
Au matin du soulèvement, la femme de Éamonn, Áine, aurait relaté la dernière conversation entre le père et son fils : « Se tournant vers Ronan, qui nous regardait, il l’embrassa et lui dit en irlandais : ‘Au revoir Ronan.’ ‘Au revoir papa.’ « Et tu ne prendras pas soin de ta mère ? « Je le ferai, papa. » ”
L’Insurrection commence alors. Éamonn Ceannt est en poste à l’Union du Sud de Dublin.
Mais le rebelle connait rapidement des difficultés. Son commandant en second, Cathal Brugha, fini par être grièvement blessé… et Ceannt manque cruellement d’hommes. Ces derniers sont en sous-nombre, et peinent à faire face aux tireurs d’élites britanniques, qui canardent en masse les rebelles.
La bataille de l’Union du Sud est un véritable massacre. L’un des plus terrible de l’Insurrection. Bien que Ceannt et ses hommes fassent preuve de bravoure jusqu’aux derniers instants, ils sont forcés de se rendre. Ceannt fait marcher ses hommes vers le jardin de Saint-Patrick et ordonne la reddition.
A sa reddition, Ceannt aurait d’ailleurs dit à un officier britannique :
Cela te surprendrait de voir le petit nombre qui tenait la place.
Il est alors emprisonné à Richmond Barracks. Son procès est alors une véritable mascarade. Au tribunal, les accusations sont truffées d’erreurs et d’inexactitudes. On l’accuse d’avoir mené l’Insurrection à la Biscuiterie Jacob’s alors qu’il était bien à l’Union du Sud… Ses témoins sont exécutés avant même de pouvoir s’exprimer… Un simulacre dde procès.
La sentence est alors prononcée : Éamonn Ceannt va être exécuté.
Peu avant sa mort, il écrit ses lignes :
Je laisse ce conseil à d’autres révolutionnaires irlandais qui pourraient suivre le même chemin que moi : Ne jamais traiter avec l’ennemi, ne jamais se rendre à sa merci, mais se battre jusqu’au bout. Je ne vois rien de gagné, sinon un grave désastre causé par la capitulation, qui a marqué la fin de l’insurrection irlandaise de 1916… l’ennemi n’a pas eu une seule pensée généreuse pour ceux qui ont résisté à ses forces pendant une semaine glorieuse.
Dans sa dernière lettre à sa femme, il ajoute :
Ma très chère épouse Áine… non pas épouse mais veuve avant que ces lignes ne vous parviennent. Je suis ici sans espoir de ce monde, sans peur, attendant calmement la fin. . . Que puis-je dire ? Je meurs noblement pour la liberté de l’Irlande. Hommes et femmes rivaliseront pour vous serrer la main. Soyez fier de moi comme je suis et que j’ai toujours été de vous.
Éamonn Ceannt fut fusillé le 8 mai 1916 entre 3h45 et 4h05 à la prison de Kilmainham Gaol.
Les Britanniques n’ont pas eu la courtoisie de dire à la femme de Ceannt qu’il avait été exécuté. Elle s’est rendue au Prieuré de Church Street pour découvrir ce qui était arrivé à son mari. « Il est parti au ciel », lui a-t-on dit.
Depuis, Éamonn Ceannt est une haute figure de l’Insurrection de Pâques, et un symbole du nationalisme irlandais. Bien que moins connu que d’autres leaders du mouvement, comme Michael Collins, Eamon de Valera ou encore Patrick Pearse et James Connolly, il n’en demeure pas moins admiré et respecté.