À Tuam, dans le comté de Galway, l’histoire ne cesse de remonter à la surface. La récente mise au jour d’une nouvelle zone contenant des restes d’enfants — potentiellement liés à l’ancien Mother and Baby Home tenu par les sœurs du Bon Secours — ravive un dossier parmi les plus douloureux de l’Irlande contemporaine.
Ce foyer, actif de 1925 à 1961, accueillait des mères célibataires et leurs enfants, souvent dans des conditions extrêmement difficiles. Les travaux d’investigation menés ces dernières années avaient déjà confirmé la présence de nombreux ossements d’enfants enterrés de manière indigne. La découverte dévoilée ces jours-ci ajoute une couche supplémentaire d’émotion et de questionnements.
Les experts en archéologie judiciaire effectuent depuis des mois des analyses géophysiques et des fouilles ponctuelles sur le site, afin d’établir une cartographie précise des zones à risque. C’est dans ce contexte qu’un espace jusqu’alors considéré comme secondaire a révélé des anomalies.
En creusant, les équipes ont mis au jour ce qui semble être un regroupement supplémentaire de petits caveaux improvisés. Leur taille et leur disposition laissent penser qu’il s’agit d’un prolongement du système de sépultures auparavant mis en évidence, plutôt que d’un site distinct.
Les premiers éléments suggèrent que les restes appartiennent à de jeunes enfants, probablement nourrissons ou bébés en bas âge. Les analyses ADN et les datations précises n’en sont qu’au tout début.
Il n’est pas encore certain si ces enterrements correspondent à des périodes déjà étudiées, ni s’ils vont révéler de nouveaux épisodes de mortalité infantile. Mais l’hypothèse la plus plausible est celle d’un prolongement du système d’ensevelissement clandestin mis en place à l’époque pour pallier le manque de moyens, d’infrastructures ou — plus tragiquement — de considération.
Chaque trouvaille apporte une pièce supplémentaire à un puzzle national encore incomplet. Pour les familles concernées, cette nouvelle zone représente potentiellement la localisation d’un enfant disparu, tandis que pour les chercheurs et les autorités, elle permet de mieux comprendre ce qui s’est réellement passé dans l’établissement.
Ce type de découverte joue aussi un rôle essentiel dans la reconnaissance des injustices subies par les mères célibataires, stigmatisées pendant des décennies, et par leurs enfants, souvent séparés, mal nourris ou négligés. L’Irlande, depuis plusieurs années, mène un travail de mémoire important, et cette annonce rappelle que les blessures sont toujours à vif.
L’émotion est palpable à Tuam comme dans tout le pays. Les associations de survivants et de descendants réclament plus de transparence — et surtout plus de rapidité — dans la gestion du site.
Les autorités, de leur côté, assurent qu’une nouvelle phase d’excavation plus poussée sera lancée. La volonté affichée est de procéder avec respect, méthode, et en consultation étroite avec les familles.
Dans les médias, les débats reviennent sur les pratiques des institutions religieuses du XXᵉ siècle, mais aussi sur la nécessité de créer des lieux de mémoire capables de donner une sépulture digne à chaque enfant identifié.
Les prochaines étapes comprennent la poursuite des fouilles, l’analyse scientifique des restes, et probablement de nouvelles phases d’exhumation. Le gouvernement irlandais a déjà indiqué sa volonté de financer l’identification et l’enterrement digne de chaque enfant retrouvé, un chantier qui durera encore plusieurs années.
Même si les réponses tardent, le mouvement est lancé : faire la lumière, apaiser les familles et inscrire définitivement ce chapitre douloureux dans la mémoire collective.