Treize crânes volés, enfin de retour sur l’île d’Inishbofin après 133 ans

Une véritable victoire pour la population d'Inishbofin, qui pose la question de l'éthique scientifique des chercheurs qui ont abusés de leurs positions par le passé.

Gwen Rouviere
Par Gwen Le Cointre
21 juillet 2023, 04:49
Treize crânes volés, enfin de retour sur l’île d’Inishbofin après 133 ans
Les crânes volés sont de retour sur l'île d'Inisbofin, après 133 ans d'absence - Inishbofin Heritage Museum & Gift Shop

Il aura fallu 133 ans pour que 13 crânes, retrouvent leur lieu de sépulture originel, sur l’île d’Inishbofin en Irlande. Ces derniers avaient été prélevés illégalement dans le monastère de St Colman à Inishbofin, en juillet 1890 par l’ethnologue Alfred Cort Haddon et l’étudiant Andrew Francis Dixon, sans qu’ils n’en demandent la permission. Les crânes, avaient alors été emmené au Trinity College de Dublin (TCD), pour être étudiés et stockés…

Treize crânes de retour sur Inishbofin

Les ossements ont été enterrés sur leur terre originelle, à la satisfaction de la population locale

Cela n’a l’air de rien, mais la victoire s’avère importante. Après des années de combat intense, l’île d’Inishbofin a obtenu gain de cause, et est parvenue à rapatrier 13 crânes qui lui avaient été volés.

Une affaire qui avait fait grand bruit en Irlande, posant la question de la légitimité des institutions scientifiques, à se servir sur des sites anthropologiques sans autorisation.

Et le verdict est tombé : en février dernier, l’université de Dublin s’est excusée et a accepté la restitution des crânes concernés.

Ce revirement, on le doit à Marie Coyne du Inishbofin Heritage Museum and Gift Shop. Elle a fait campagne depuis plus de 10 ans pour que les restes soient rendus à l’île. La jeune femme irlandaise n’a cessé de militer en faveur de cette cause qu’elle juge importante.

Pour la jeune femme, le retour de ces crânes sur leur île est un grand pas, permettant de rappeler que certains chercheurs ont par le passé abusés de leur position, reniant toute réflexion éthique et morale.

Cette affaire fait d’ailleurs écho à l’affaire de Charles Byrne, surnommé le géant irlandais. Atteint d’une maladie rare, cet irlandais était considéré comme le plus grand homme du XVIIIème siècle. Alors qu’il suppliait de son vivant de ne pas faire l’objet d’études scientifique, son corps avait été récupéré et exposé sans son autorisation au Hunterian Museum pendant près de 200 ans… Depuis, le musée a présenté ses excuses, et suspendu son exposition.

Quand aux crânes, ils ont été ramenés dans un cercueil traditionnel d’Inishbofin. Les restes ont été emmenés d’Athenry à Cleggan samedi dernier, où ils ont été transportés par ferry à Inishbofin avant leur enterrement dimanche – 133 ans jour pour jour après leur vol.

Après avoir reposé pendant la nuit à l’église St Colman, les restes ont été enterrés après la messe dite par le curé de la paroisse de Clifden, le père James Ronayne.

« Puissent-ils reposer en paix pour toujours », lit-on sur une pierre tombale marquant la tombe.


A découvrir en ce moment