L’histoire de l’Irlande est indissociable de ses luttes pour l’indépendance et l’autodétermination. Pendant plusieurs siècles, des hommes et des femmes ont porté le flambeau du nationalisme irlandais, qu’il soit politique, culturel ou révolutionnaire. Leurs combats, parfois pacifiques, parfois armés, ont façonné l’identité de l’île et ouvert la voie à la création d’un État libre au XXe siècle. Ces grands nationalistes irlandais, figures parfois idéalisées ou controversées, restent aujourd’hui au cœur de la mémoire collective.
Theobald Wolfe Tone, avocat protestant de Dublin, est considéré comme l’un des fondateurs du nationalisme républicain moderne. Cofondateur de la Société des Irlandais Unis, il milita pour l’union des catholiques et des protestants dans un combat commun contre la domination britannique.
Inspiré par la Révolution française, il chercha l’aide militaire de la France pour libérer l’Irlande. Capturé après une tentative d’invasion en 1798, il se donna la mort en prison. Wolfe Tone demeure une figure mythique, symbole d’un nationalisme inclusif et révolutionnaire.
Connu comme « The Liberator », Daniel O’Connell fut un avocat et un orateur hors pair qui consacra sa vie à l’émancipation des catholiques. Il mena une mobilisation pacifique de masse, notamment à travers les monster meetings, rassemblant parfois des centaines de milliers de personnes.
Son action permit l’adoption de l’Acte d’émancipation catholique de 1829, qui accorda aux catholiques le droit de siéger au parlement britannique. O’Connell incarne un nationalisme légaliste et non-violent, profondément ancré dans la défense des droits civiques.
Membre du parlement britannique, Charles Stewart Parnell transforma la politique irlandaise à la fin du XIXe siècle. À la tête de l’Irish Parliamentary Party, il mena le combat pour l’autonomie interne de l’Irlande (Home Rule).
Parallèlement, il soutint la Land League, organisation défendant les droits des paysans face aux grands propriétaires terriens. Charismatique et influent, Parnell devint une figure incontournable du nationalisme parlementaire. Sa carrière fut toutefois brisée par un scandale personnel, mais son héritage demeure fondamental.
Successeur de Parnell, John Redmond poursuivit la lutte pour le Home Rule. En 1912, il parvint à faire adopter une loi accordant une autonomie limitée à l’Irlande.
Cependant, la Première Guerre mondiale bouleversa ses projets. Redmond encouragea les Irlandais à s’enrôler dans l’armée britannique, espérant ainsi obtenir l’application du Home Rule. Cette stratégie discrédita son mouvement après l’insurrection de Pâques 1916, qui ouvrit une nouvelle ère plus radicale du nationalisme.
Patrick Pearse, écrivain, poète et pédagogue, fut l’un des principaux dirigeants de l’insurrection de Pâques 1916. Convaincu que seule la rébellion armée permettrait d’obtenir l’indépendance, il proclama la République irlandaise devant la poste centrale de Dublin.
Exécuté après l’échec du soulèvement, Pearse devint un martyr et un symbole du nationalisme radical. Ses écrits et discours, empreints de lyrisme, continuent d’influencer la mémoire révolutionnaire irlandaise.
Né à Édimbourg de parents irlandais, James Connolly fut un militant socialiste et syndicaliste avant de devenir l’un des leaders de l’insurrection de 1916. Fondateur de l’Irish Citizen Army, une milice ouvrière, il voyait dans le nationalisme irlandais une lutte indissociable de la justice sociale.
Gravement blessé lors du soulèvement, il fut exécuté par les Britanniques, attaché à une chaise en raison de son état. Sa mort fit de lui l’une des figures les plus vénérées du mouvement ouvrier et nationaliste.
Michael Collins, originaire de Cork, fut l’un des principaux artisans de la guerre d’indépendance (1919–1921). Organisateur brillant, il mit en place un réseau de renseignement redoutable et dirigea les opérations de la guérilla contre les forces britanniques.
Négociateur du traité anglo-irlandais en 1921, il accepta un compromis qui créa l’État libre d’Irlande mais laissa l’Ulster au Royaume-Uni. Ce choix provoqua une guerre civile entre nationalistes. Assassiné en 1922, Collins reste une figure charismatique et controversée, à la fois héros et pragmatique.
Né à New York d’un père espagnol et d’une mère irlandaise, Éamon de Valera participa à l’insurrection de 1916 mais échappa à l’exécution. Chef politique du Sinn Féin, il refusa le traité de 1921 et mena la guerre civile contre les partisans de Michael Collins.
De Valera domina ensuite la politique irlandaise pendant plus de cinquante ans, en tant que chef du gouvernement puis président. Il incarna un nationalisme politique intransigeant mais aussi institutionnalisé, guidant l’Irlande indépendante vers la neutralité et la consolidation nationale.
Figure emblématique de la lutte républicaine en Irlande du Nord, Bobby Sands était membre de l’IRA provisoire. Emprisonné, il mena une grève de la faim en 1981 pour obtenir le statut de prisonnier politique.
Élu député au parlement britannique pendant sa grève, il mourut après 66 jours de jeûne. Sa mort provoqua une onde de choc mondiale et fit de lui un symbole du nationalisme républicain dans le contexte des Troubles.